Réunis depuis 15 jours, le Giec (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a rendu, ce lundi 9 août, son sixième rapport (lien en anglais) sur le changement climatique (dernier en 2014).
Ce texte est la première partie du rapport d'évaluation du groupe d'experts (le premier rapport est paru en 1990). Le premier volet est consacré aux nouvelles évaluations climatiques liées aux émissions de gaz à effet de serre. Le deuxième, analysera l'impact pour les écosystèmes (publication en février 2022). Le troisième et dernier volet, prévu en mars, sera centré sur l'adaptation au changement climatique.
Un climat qui change plus vite que prévu, et l’activité humaine pointée du doigt, c’est ce que l’on peut retenir de cette évaluation.
Des niveaux rarement atteints
Dans tous les scénarios envisagés - du plus optimiste ou plus pessimiste -, la température mondiale devrait atteindre +1,5°C ou +1,6°C par rapport à l’ère pré-industrielle autour de 2030. Soit 10 ans plus tôt que la précédente estimation du Giec il y a trois ans.
Le niveau des océans a augmenté d'environ 20 cm depuis 1900, et le rythme de cette hausse a triplé ces 10 dernières années sous l'influence grandissante de la fonte des calottes glaciaires. Même si le réchauffement est limité à +2°C, les océans pourraient gagner environ 50 cm au XXIe siècle.
Les activités humaines, "sans équivoque" à l’origine du changement climatique
Les activités humaines sont-elles à l’origine du changement climatique rapide actuel ? La réponse est claire : oui. "Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis environ 1 750 proviennent sans équivoque des activités humaines", indique le rapport, dans son "résumé aux décideurs" (les gouvernements). Une prise de position qui n’a pas toujours été aussi tranchée.
En 1995, le 2e rapport d’évaluation parlait "d’un faisceau d’éléments (qui) suggère une influence perceptible de l’homme sur le climat global". En 2007, le Giec la jugeait "très probable, avec plus de 9 chances sur 10" et "extrêmement probable, à 95 %" en 2013.
Autre état inquiétant : les concentrations de gaz à effet de serre. Elles ont encore augmenté dans l’atmosphère depuis la dernière évaluation du Giec (2014), malgré les engagements des États, pris après l’Accord de Paris pour le climat, en 2015. Elles atteignent "des moyennes annuelles de 410 ppm (partie par millions) pour le dioxyde de carbone (CO2), 1 866 ppb (partie par milliards) pour le méthane (CH4) et 332 ppb pour le protoxyde d’azote (N2O)" indique ce sixième rapport, basé sur des données de 2019.
D’ailleurs, le Giec s’attarde sur le méthane. Principal gaz à effet de serre après le CO2, il est désormais responsable "d’un quart du réchauffement climatique". Il persiste moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2 mais a "un pouvoir de réchauffement 28 fois supérieur".
Les alliés dans la lutte contre le changement climatique sont en train de faiblir. En effet, depuis 1960, les forêts, sols et océans ont absorbé 56 % du CO2 émis dans l’atmosphère par les activités humaines. Sans cette aide de la nature, la planète serait déjà beaucoup plus chaude. Mais ces puits de carbone, montrent des signes de saturation, et le pourcentage de CO2 qu’ils absorbent, devrait diminuer au cours du siècle.
Un rapport alarmiste qui sera donc disponible pour la COP 26 le 1er novembre prochain. Cette conférence des Nations unies sur le climat, aura lieu à Glasgow (Écosse).