A Lyon, malgré un recrutement estival, le secteur de la petite enfance reste en difficulté en cette rentrée.
Plutôt acceptable pour les crèches municipales, plus difficile pour les crèches associatives. Telle est la situation des 156 crèches publiques de la ville de Lyon, en cette rentrée 2022. Les effectifs sont quasiment au complet. Malgré les recrutements réalisés cet été, une quinzaine de postes restent encore à pourvoir (80 au début de l’été), principalement dans le 5e et le 9e arrondissement.
La situation est donc plus préoccupante du côté des crèches associatives, davantage touchées par la pénurie de personnels. "90 berceaux sont obligés de rester fermer, dans ces crèches, parce qu’elles n’ont pas les effectifs qui les permettent de les ouvrir. On travaille avec elles afin de les aider à recruter, mais la pénurie étant là, le nombre de candidats reste faible", déplore Steven Vasselin, adjoint au maire de Lyon, délégué à la petite enfance. Il dévoile ce que cela entraîne pour les crèches et les familles (horaires, berceaux gelés).
Au sein de la crèche Rochaix 2, dans le 3e arrondissement lyonnais, c'est en revanche une rentrée sereine qui vient de se passer. Tous les postes d'encadrements ont été pourvus pour s'occuper des 48 enfants accueillis chaque jour. Céline Grouzelle, directrice de cette crèche municipale, explique l’importance d’avoir un effectif au complet dans le bon fonctionnement d’une crèche.
Des parents déposent leur enfant à la crèche Rochaix 2 (Lyon 3e), ce mardi 6 septembre. Crédit : Adams Mezamigni Steven Vasselin, adjoint à la mairie de Lyon déléguée à la petite enfance (à gauche), et Véronique Dubois-Bertrand, maire du 3e arrondissement (à droite) lors du point presse consacré aux crèches lyonnaises en cette rentrée. Crédit : Adams Mezamigni
500 berceaux supplémentaires d’ici 2026
Une enquête de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) montre qu’il manque 10 000 professionnels dans les crèches de France. Face à la pénurie de personnels, l’État, dans un arrêté en vigueur depuis le 31 août, permet l'ouverture à l’embauche des personnes non qualifiées (des recrutements qui pourront concerner 15% des effectifs au maximum). Pour Steven Vasselin, ce n’est pas la bonne approche : "On exhorte le gouvernement et les régions à ouvrir des places en école de formation parce que c’est la clé de cette pénurie. […] On espère que le schéma de formation, annoncé en octobre, va enfin prendre en compte la petite enfance", déclare-t-il.
Pour rendre le secteur plus attractif et valoriser l’image du métier, la municipalité a pris des engagements :
- augmentation des salaires de l’ensemble des professionnels de la petite enfance de 80 à 200 euros bruts mensuels en moyenne (c’est le cas depuis le début de l’année 2022) ;
- développement de projets tels que la végétalisation des espaces extérieurs pour toutes les structures d’accueil et l’ouverture des crèches en plein air.
Réalisés "pour la santé et le développement des enfants", ces projets font partie des principaux axes d’action de la municipalité en matière de petite enfance, à savoir "remettre la nature dans le quotidien des enfants et agir pour leur santé", indique-t-elle. Trois projets de crèches en plein air, déjà validés, verront le jour dans les mois à venir :
- Site du Parc de la Mairie du 5e, livraison en 2023.
- Site de l’Esplanade Nelson Mandela (Lyon 3e), livraison prévue en 2023
- Site de l’Ancienne clinique Trarieux, dans le quartier de Montchat (Lyon 3e) – livraison prévue en 2024
Au total, ce sont 71 millions d’euros (budget multiplié par trois par rapport au précédent mandat) qui seront investis par la Ville pour répondre à la crise que traverse le secteur. La municipalité souhaite créer 500 nouveaux berceaux d’ici 2026, ce qui représente 20 nouvelles crèches. En 2021, sur les 12 500 enfants accueillis dans des établissements lyonnais, 9 700 l’ont été dans les établissements publics (50 crèches municipales et 106 crèches associatives).