Ils ne s’étaient pas encore exprimés sur la situation. C’est désormais chose faite. Ce lundi 16 août, Emmanuel Macron et Joe Biden ont pris la parole concernant la situation en Afghanistan, suite à la reprise du pouvoir des talibans à Kaboul.
Cela a commencé avec Emmanuel Macron. C’est depuis le fort de Brégançon (Var), où il est en vacances, que le président de la République s’est adressé aux Français (allocution diffusée lors des journaux télévisés). Une chose plutôt rare puisqu’il ne s’exprimait dernièrement que sur la pandémie.
Dans une allocution d’une dizaine de minutes, le président de la République a tenu à rappeler l’engagement français en Afghanistan et à rendre hommage aux soldats décédés dans les combats : "Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts, 90 au total." a-t-il déclaré, soulignant qu'en Afghanistan, "notre combat était juste et c'est l'honneur de la France à s'y être engagé". Pour rappel, la France est intervenue militairement en Afghanistan de 2001 à 2014.
Un seul ennemi pour le président : le terrorisme. "L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été. C’est un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent.". "Notre action visera d’abord à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes.", ajoute-t-il.
Il a ensuite notamment annoncé l’envoi de deux avions militaires ainsi que les forces spéciales françaises, et confirmé les propos de la ministre des Armées Florence Parly, tenus la veille, à savoir l’évacuation des ressortissants : "L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France." , déclare-t-il. Il ajoute que c’est "notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d'autres. Près de 800 personnes sont d'ores et déjà sur le sol français."
De plus, le chef de l'État souhaite prendre plusieurs initiatives avec les autres États européens et les alliés de la France, afin de lutter contre le terrorisme, et construire "une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit."
Néanmoins, il rappelle que la France "fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés"
Retrouvez ci-dessous l’allocution (en intégralité) du président Emmanuel Macron :
Allocution relative à la situation en Afghanistan.https://t.co/LoANcIYqvJ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 16, 2021
Retrait des troupes assumé, responsabilité des afghans, et menaces envers les talibans pour Joe Biden
La prise de parole de Joe Biden, était également attendue par les Américains. Il s’est exprimé depuis la Maison Blanche (Washington) à 21h45 (heure française). Il a évoqué ce dossier dans une allocution d’une vingtaine de minutes.
Lors de celle-ci, Joe Biden a dit "défendre fermement" la décision du retrait des troupes américaines d'Afghanistan. "Je suis le président des États-Unis et à la fin, c’est moi qui assume. Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas", ajoute-il.
Il a également confié que la victoire des talibans est intervenue plus rapidement qu’il ne l’avait imaginé, mais a tenu a rappelé la responsabilité des dirigeants et de l’armée afghane : "Que s’est-il passé ? Les dirigeants politiques afghans ont abdiqué et fui le pays. L’armée afghane a abdiqué, parfois sans même essayer de combattre". D’après le locataire de la Maison Blanche, les États-Unis ont donné à l'armée afghane "toutes les options" possibles pour combattre les talibans. "Les forces américaines ne peuvent, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir pour une guerre alors que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour elles-mêmes", a-t-il déclaré.
Cependant, le président américain a indiqué que le retrait des Américains d'Afghanistan ne serait pas synonyme d'un abandon définitif de l'Afghanistan. "Nous allons continuer de soutenir la population afghane. Nous allons faire en sorte, grâce à la diplomatie, de lutter contre l'instabilité et la violence". "Nous allons soutenir les droits élémentaires des Afghans, des femmes et des jeunes filles, comme nous le faisons partout dans le monde. J'ai été très clair, la défense des droits humains doit être le cas de notre politique étrangère, pas une annexe", affirme-t-il.
Joe Biden a également annoncé le déploiement de 6000 soldats américains supplémentaires à Kaboul pour sécuriser le retrait des ressortissants des États-Unis. Et sur ce point, il a été clair : si les opérations d'évacuation se voient perturbées à Kaboul, les États-Unis feront un usage "dévastateur de la force". En cas d'attaque, la réponse sera "rapide et puissante", a-t-il déclaré.