Et s’il s’agissait du dernier ? Le dernier procès d’une longue série d’attente. C’est le souhait de Paul François, un agriculteur charentais. Depuis 2004, il se bat contre le leader de l’agrochimie : Monsanto. En 2015, il l’avait emporté lors de son premier procès à la Cour d’appel de Lyon. Mais deux ans plus tard, la Cour de Cassation décide d’annuler la décision. Ce mercredi, c’est donc la deuxième mi-temps du procès se joue.
Paul François, âgé de 54 ans, accuse Monsanto de l’avoir intoxiqué. En guise de dédommagement, l’agriculteur français réclame la somme de 1 millions d’euros. Une somme qui « compenserait » des faits remontant à 2004. A cette époque, Paul François utilise un herbicide pour travailler, le Lasso. Après avoir ouvert la cuve, l’homme explique avoir respiré une vapeur toxique. A partir de là s’en suivent des conséquences désastreuses. Il est immédiatement hospitalisé puis subit des malaises, des pertes de connaissances avec des liaisons neurologiques qui sont irréversibles. Le produit sera finalement retiré de la vente en 2007.
Aujourd’hui, l’enjeu est décisif. Pour la victime d’abord puisque la question n’est pas simplement financière. Il s’agit d’une véritable bataille pour Paul François qui lutte depuis douze ans pour que son combat et la faute de Monsanto soit reconnue. Pour le géant américain, l’enjeu est également crucial. En aout 2018, Monsanto est condamné pour la première fois, lors d’un procès aussi bien historique que symbolique. C’est un jardinier américain qui s’est battu contre le glyphosate. Aujourd’hui, une deuxième condamnation face à l’agriculteur français aurait un retentissement mondial et fragiliserait un peu plus le leader de l’agrochimie.