Les conventions de Genève prévoient que les pays en guerre ont l'obligation de rechercher, de récupérer et d'identifier les corps des victimes « sans délai » lors d'un conflit. Une situation qui devrait donc s'appliquer à l'Ukraine et à la Russie, or Moscou, qui n'a pas actualisé son bilan officiel de soldats russes décédés lors de cette guerre depuis le 25 mars dernier (1 351 morts), n'a pas fourni non plus de liste concernant ses disparus à Kiev et ne souhaite pas rapatrier les dépouilles.
Ainsi, afin de pouvoir identifier les soldats russes morts au combat, dont les corps sont parfois dégradés lors des combats ou en état de décomposition, ou en cas d'absence de documents d'identité, l'Ukraine utilise la technologie de la reconnaissance faciale afin de mettre un nom sur les victimes russes, indique franceinfo.
Les familles peuvent reconnaître leurs proches morts au combat
Mykhailo Fedorov, le ministre de la Transformation numérique, expliquait sur Telegram que son pays utilisait « l'intelligence artificielle pour chercher les comptes de réseaux sociaux de soldats russes morts à partir des photos de leur corps », relaie franceinfo. Et des plateformes ont été mises en ligne afin de regrouper les noms et les images des soldats décédés, afin de permettre à leurs proches de les récupérer.
Cette technologie, qui permet d’identifier une personne à partir d’une simple photo, en la comparant avec les milliards d’images provenant des réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube, a été développée par l'entreprise américaine Clearview AI, qui récolte massivement des images qu'on trouve publiquement sur Internet et disposerait d'une base de données de 10 milliards d'images.
L'entreprise américaine Clearview AI est derrière cette technologie
Condamnée par de nombreuses autorités de la protection des données pour la collecte massive d'images transformées en données biométriques sans l'accord de leurs propriétaires et ne respectant ainsi pas les droits des internautes, Clearview AI indique avoir mis son logiciel commercial à disposition des autorités ukrainiennes gratuitement.
« Je me souviens d'avoir vu des vidéos de soldats russes capturés et la Russie affirmait qu'ils étaient des acteurs, a expliqué Hoan Ton-That, le dirigeant de l'entreprise, au New York Times. Je me suis dit que si les Ukrainiens pouvaient utiliser Clearview, ils pourraient obtenir plus d'information pour vérifier leurs identités. »
Mais l'Ukraine utilise aussi cette technologie pour identifier des prisonniers, pour détecter d'éventuels espions russes ou pour mettre un nom sur les soldats russes dont les crimes ont été filmés, ce qui, en cas d'erreur d'identification, pourrait coûter cher aux personnes concernées et finalement innocentes.