Interrogés par la commission des lois de l'Assemblée nationale au sujet de l'agression dont a été victime Yvan Colonna le mercredi 30 mars dernier, et qui a provoqué la mort de l'indépendantiste corse le 21 mars, le directeur de la maison centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône) et l'ancienne directrice ont été entendus ce mercredi matin.
Agressé par Franck Elong Abé, un détenu radicalisé, dans la salle de sport de l'établissement carcéral, Yvan Colonna n'a pas pu être secouru à temps par les surveillants malgré la présence de deux caméras de surveillance à l'endroit où a eu lieu l'agression.
Le rapport du parquet, relayé par franceinfo, pointe du doigt les défaillances au sein de la maison d'arrêt et notamment celle des caméras de vidéosurveillance. Selon les explications du directeur de la prison, seule une partie des 280 caméras peuvent apparaître sur les écrans de contrôle et les deux caméras de la salle de sport n’apparaissaient pas au moment de l’agression. Le directeur avance aussi une deuxième explication. Le mercredi 2 mars, une opération de maintenance a nécessité le débranchement pendant quelques minutes de tous les écrans.
Des cris entendus par des détenus qui n'ont pas donné l'alerte
Outre les caméras de surveillance, aucun surveillant sur le terrain n’a vu la scène de l’agression. Le rapport précise que deux agents faisaient des rondes dans la zone mais pas autour de la salle de sport entre 10h10 et 10h25, au moment des faits. Il indique qu’Yvan Colonna et Franck Elong Abé étaient seuls dans la salle, porte fermée, tandis que d’autres détenus présents dans une pièce à côté confirment avoir entendu des cris à ce moment-là. L’un d’eux affirme ne pas avoir donné l’alerte car c’était « des cris de fous, comme il y en a souvent en prison ».
Le rapport précise aussi que les deux détenus pouvaient se déplacer librement dans la prison, malgré leur statut de « DPS » (détenu particulièrement signalé). Franck Elong Abé était un « auxi », un détenu autorisé à travailler dans la prison et pouvant se déplacer avec une plus grande liberté. Cette liberté de déplacement interroge, sachant que l’agresseur est un ancien djihadiste et avait déjà pris en otage une infirmière à la prison de Sequedin dans le Nord.